jeudi 26 mai 2016

Père Onésime Lacouture - 2-15 - Le baptême de Jésus


QUATORZIÈME INSTRUCTION
JÉSUS BAPTISÉ.

«Alors, Jésus, venant de Galilée, alla trouver Jean au
Jourdain pour être baptisé par lui.» Mat.  3-15
Plan Jésus quitte Nazareth.  (Sa vie.  Jean Baptiste: (Sa prédication.  (Son baptême.  (Accomplir son devoir.  (Ses motifs: (S’humilier.  (Faire pénitence.  Jésus est baptisé:

(Trinité se manifeste.  (Ses effets: (Sa mission confirmée. 

(Mépris du monde.  (Donne la vie divine.  Baptême chrétien: (Exige mentalité chrétienne.  (Mépris du monde.

JESUS QUITTE NAZARETH.  Pendant une trentaine d’années, Jésus a pratiqué dans l’ombre de la vie cachée les vertus qu’il veut voir en nous tous; maintenant le temps est venu de les prêcher au monde, d’établir son Eglise pour continuer son oeuvre après son ascension et enfin racheter le monde par sa passion et par sa mort.  Saint Joseph était mort depuis quelques années et Jésus vivait seul avec sa sainte Mère qui devait s’attendre à son départ.  Un jour, Jésus refuse, n’accepte plus de nouvelles commandes, il met de l’ordre dans sa petite boutique et avertit sa Mère que «les choses de son Père» l’appellent ailleurs; il faut qu’il commence sa mission divine de sauver le monde.  L’Evangile ne dit rien de ce départ; il laisse à l’amour de chacun de la repasser dans son coeur.  Il est certain qu’il n’y eut pas de crise de nerfs de part et d’autre; la volonté de Dieu comprime les manifestations extérieures de la nature, mais laissa le glaive de douleur transpercer le coeur de la Mère la plus aimante au monde à ce départ du plus parfait des fils au monde.  Marie se tint debout là comme elle le fera au pied de la croix plus tard.  Elle tient plus à la volonté de Dieu qu’à son bonheur avec Jésus.  N’allons pas croire que Jésus lui défile tout ce qu’il va faire et tout ce qui va lui arriver à elle.  Il la laisse dans la foi pure et donc dans l’ignorance de tout ce qui s’en vient.  Sans doute elle flaire des souffrances, mais rien dans le détail.  Personne au monde devait dépasser Marie dans la parfaite foi en Dieu; or, quand on connaît, il n’y a plus de foi, mais vision ou connaissance.  Une bonne preuve est qu’à Cana, elle ne savait pas que «son heure» n’était pas arrivée.  Si elle ignorait le début, elle ignorait bien le reste de la vie publique de Jésus.

C’est une bonne leçon pour nous tous.  Combien peu vivent dans l’abandon à Dieu!  Ils s’inquiètent sur ce que Dieu va leur envoyer ou s’il est content d’eux ou non; ils veulent savoir s’ils progressent ou non.  Dieu ne veut pas de ces inquiétudes du passé ou de l’avenir; il les condamne dans son sermon sur la montagne; il est clair qu’il ne les tolère pas dans sa Mère.  Marie ne cherche pas à connaître l’avenir; elle vit dans la soumission parfaite dans le présent.  Faisons donc les sacrifices que Dieu demande de nous en mettant tout notre coeur dans la soumission présente à la volonté de Dieu, et n’allons pas disperser nos forces morales sur les conséquences plus ou moins problématiques de ces sacrifices.  Toutes ces inquiétudes sur l’avenir ou dans les suites de ces sacrifices sont autant de perdu pour le mérite actuel.  Que de bonnes âmes vivent continuellement dans des appréhensions sur l’avenir de ce qu’elles font maintenant.  Qu’elles demandent à la Sainte Vierge de leur obtenir la grâce de concentrer sur le présent toute leur volonté pour l’unir à celle de Dieu dans n’importe quel sacrifice qu’il leur demande.

Jean-Baptiste Parce que Dieu avait envoyé Jean pour préparer les Juifs, par la pénitence, à la venue du Messie, Jésus commença sa nouvelle vie par ce baptême de pénitence.  Il s’en alla donc au Jourdain où se trouvait Jean.  Arrêtons-nous au précurseur.

Sa vie est la plus parfaite qu’on ait jamais vue au monde.  Il incarne en sa vie toutes les conditions que Dieu veut voir en nous pour nous donner sa grâce qui est la venue mystique de Jésus en nous.  Nous avons là un portrait vivant de la pénitence que nous devons pratiquer pour nos péchés.  Nous ne pouvons pas aller aussi loin que lui, mais au moins nous devons essayer d’aller dans la même direction que lui.  J’ai rarement vu d’endroits plus propices à la pénitence que le désert sur les bords du Jourdain à peu près là où Jean passa une trentaine d’années de mort continuelle à la nature.  Il est formé de collines abruptes ou de montagnes escarpées d’un aspect sauvage et austère; ces rochers sont brûlés par le soleil ardent et l’on ne voit que des touffes d’arbustes poussiéreux et quelques arbres au milieu de ces rochers; région idéale pour les serpents, les loups et les chacals.  La chaleur y est écrasante en mars, qu’est-ce que cela doit être en été?  Jean passa la plus grande partie de sa vie dans ce désert à ne manger que des sauterelles et du miel sauvage et les reins couverts d’une peau de chameau.  Sa vie est le mépris complet des créatures et des frivolités de ce monde.  Comme il condamne la vie de la plupart des chrétiens tout aux choses de ce monde et recherchant ardemment tous les plaisirs de la terre!  Or c’est son genre de vie qui prépare la vie de Jésus: ces chrétiens aux attaches de toutes sortes s’en vont dans une direction opposée à celle se Jésus; ils risquent leur salut.  Tous devraient confronter leur vie avec la sienne pour apprendre à retrancher une foule de jouissances qui les éloignent et non seulement les défendues, mais même parmi les permises.  Le coeur s’attache autant aux permises qu’aux autres et alors Dieu ne vient pas dans ces âmes pour les éclairer et les diriger.  Tant qu’elles auront ces attaches, elles n’auront pas l’intelligence des choses de Dieu, dit St Jean de la Croix.  Essayons d’imiter son amour de la solitude; allons dans les forêts méditer sur les grandes vérités de la foi, prier dans le silence des bois, rêvasser aux choses du ciel.  A force de le faire on y prend goût et c’est un gros point de gagné pour cultiver la présence de Dieu et développer son amour.  Mais que voit-on?  La plupart courent les foules, les places publiques, les amusements; or, Dieu dit qu’il n’est jamais là.  Mais il nous invite en nous disant: «Je te conduirai dans la solitude et là je parlerai à ton coeur.» Cherchons donc l’isolement afin d’être loin des créatures pour être plus proche du Créateur et pour recevoir ses lumières et ses grâces.  Par nature nous avons tous deux amours: celui des créatures; et celui de nous-mêmes; or, il faut détruire ces deux amours pour que Dieu nous donne son amour.  Eh bien, St-Jean Baptiste rejette par sa vie ces deux amours naturels et il ne vit que pour Dieu.  Il est l’incarnation de ce plan divin.  Tous les prêtres, les religieux, et les fidèles devraient l’imiter le plus possible en s’éloignant des plaisirs de la terre permis comme non permis et en humiliant leur amour-propre par le renoncement à leur jugement et à leur volonté.  Mais, que voit-on?  La plupart des prêtres et des religieux voudraient bien avoir l’amour de Dieu sans combattre les deux amours en eux; c’est absolument impossible.  Ce serait comme vouloir récolter du blé sans en semer.  La preuve que les deux clergés et séculier et réguliers ignorent ce plan divin est dans ce fait que dès qu’un prédicateur prêche le renoncement aux plaisirs permis, toute une armée de prêtres se lèvent pour dénoncer ce prédicateur qui ne prêche que le mépris concret du monde et de soi-même comme Jésus l’enseigne si clairement et St-Ignace dans les deux étendards.  Quel aveuglement dans ces deux clergés!  En pratique ils n’attaquent que le péché; en tout cas ce n’est que cela que les fidèles veulent et les prêtres les laissent faire; c’est donc qu’ils les approuvent.  Approchons-nous donc le plus possible de la vie de Jean-Baptiste qui incarne les meilleures dispositions pour recevoir Jésus.

Sa prédication n’est que l’écho de sa propre vie.  Il prêche ce qu’il vit et ce qu’il aime à vivre.  Sont-ils nombreux les prêtres qui en font autant?  qui prêchent ce qu’ils ont dans le coeur?  C’est facile à constater.  De quoi parlent les prêtres entre eux ou avec les fidèles?  Vous avez là ce qu’ils ont dans le coeur habituellement.  Or très peu parlent des choses de Dieu; quand ils les prêchent, ils ne parlent donc pas de l’abondance du coeur.  C’est pour cela qu’ils sont plats et que les fidèles sont si ennuyés de la plupart des sermons.  Jésus dit que les brebis entendent volontiers la voix du Maître.  Quand les prêtres donnent la parole de Jésus qu’ils vivent, les fidèles écoutent sans jamais se lasser.  Ceux qui ennuient le peuple ne vivent donc pas la vie de Jésus ni celle de Jean-Baptiste; ils sont attachés aux créatures et ils sont orgueilleux et ne renoncent pas à leur idole, le moi païen.  St Jean Baptiste prêche la pénitence concrète ce qui attaque en même temps les deux amours naturels: celui des créatures et celui de l’égoïsme.  Il prêche le jeûne, l’aumône et la prière; il disait à ceux qui ont deux tuniques d’en donner une aux pauvres; aux publicains, de se contenter du prix fixé, aux soldats d’éviter toute violence et de se contenter de leur solde et il parlait souvent de l’enfer.  Il ne prêchait pas pour plaire à ses auditeurs, ni selon leurs goûts naturels, mais il leur donnait ce que le St.  Esprit lui inspirait et cela sans s’occuper du qu’en-dira-t-on.  Comme il était sévère pour les pharisiens; il les appelle: race de vipères!  C’étaient les philosophes du temps.  Ils étaient comme les nôtres les ennemis nés de tout surnaturel, car la philosophie ne s’en occupe pas.  Ce qui nuit n’est pas pour le surnaturel, il est contre par la force des choses.  Comme son extérieur rappelait celui des prophètes, ainsi sa prédication en était le fidèle écho par son austérité et son sérieux.  Il parlait évidemment comme un envoyé de Dieu et avec l’autorité de Dieu.  Sa vigueur et sa franchise frappaient les coeurs et une foule de pécheurs confessaient leurs péchés et venaient se faire baptiser par lui.  Les humbles seront comblés de bénédictions, mais les orgueilleux seront abaissés et les croches redressés pour préparer l’âme à recevoir Jésus.  Tous les prédicateurs devraient insister sur la nécessité de briser tout amour pour les créatures et tout amour propre, et en plus comme tous ont péché, il faut réellement expier ces péchés par de la vraie pénitence comme le jeûne et les autres mortifications qu’on peut pratiquer chacun selon ses forces.  Ce n’est qu’après tout cela qu’on peut espérer recevoir Jésus dans son coeur.  Chose curieuse, Jean Baptiste ne parle pas de la miséricorde divine, mais seulement de la justice de Dieu.  Pourtant il était sûrement inspiré du St-Esprit.  C’est qu’il parlait à des pécheurs qui péchaient encore et qu’il faut payer ses dettes avant de compter sur la miséricorde divine.  Les prédicateurs de la seule miséricorde divine font autant de tort à l’Eglise que les prédicateurs de la seule justice de Dieu.  Il ne faut jamais isoler une perfection de Dieu aux dépens d’une autre; c’est la détruire.  Il faut donc les deux: la justice à ceux qui pèchent encore et la miséricorde à ceux qui ont fini de pécher selon l’excellent conseil de St François Xavier au P.  Parzie des Indes.

Son baptême avait été institué par Dieu même comme Jean le dit: J.  1-33: «Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et se reposer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint.» Jésus l’approuve non seulement en s’y soumettant lui-même, mais plus tard par ces paroles où il reproche aux pharisiens de ne pas l’avoir reçu: «Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice et vous n’avez pas cru en lui; mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui, et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas encore repentis pour croire en lui.» Mt.  21-32 C’est une loi de la Providence de préparer les hommes à recevoir le surnaturel.  Pour qu’ils comprennent mieux la signification du baptême chrétien.  Dieu a institué le baptême de Jean qui insistait surtout sur le côté négatif de s’avouer coupable et de faire pénitence pour ses péchés.  Mais il ne donnait pas la grâce sanctifiante.  St.  Jean le dit: «Pour moi je baptise dans l’eau, mais il en viendra un plus puissant que moi et je ne suis pas digne de dénouer le cordon de sa chaussure, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans l’eau».  L.  3-16 Dans une âme qui a péché, il faudra toujours que la pénitence enlève ces souillures avant que le divin n’entre en elle.  C’est donc une belle illusion que de vouloir avancer en vertu sans faire pénitence.  Combien de fidèles se dégoûtent des choses de la religion au lieu d’avancer!  C’est parce qu’ils n’ont pas le courage de faire des pénitences qui leur attireraient la grâce de Dieu et leur feraient goûter le divin.  Dans les Actes, il est dit clairement qu’il ne donnait pas le St.  Esprit.  19-5.  St Paul trouve des fidèles qui avaient été baptisés par Jean, mais qui n’avaient pas encore reçu le St-Esprit.  Il les baptise du baptême de Jésus et tout de suite ils reçoivent le St.  Esprit.  Mais il remettait les péchés ou était donné en vue de cet effet.  L.  3-3.  «Jean vint dans toute la région du Jourdain, prêchant le baptême de la pénitence pour la rémission des péchés.» Jésus est baptisé.  Ses motifs.

Pour que Jésus vienne ainsi au milieu des pécheurs et qu’il passe pour l’un d’eux, il faut qu’il ait de bonnes raisons.  Essayons de les comprendre afin de mieux l’imiter dans notre vie.  Accomplir son devoir.  Puisque Dieu avait institué ce baptême pour préparer les voies à Jésus, il se soumet comme un simple homme et simple juif tenu d’obéir à Dieu et pour ne pas scandaliser les Juifs quand quand il leur parlerait du baptême de Jean.  A Jean qui proteste par humilité, Jésus dit: «Laisse faire, il convient que j’accomplisse ainsi toute justice.» C’était donc la volonté de Dieu.  Quelque humiliante et pénible qu’elle soit Jésus va faire la volonté de son Père.  S’humilier.  La pureté infinie est au milieu des publicains et des courtisanes et des plus grands pécheurs et Jésus se soumet à ce baptême de pénitence comme s’il était vraiment pécheur.

Faire Pénitence, pas seulement «pour rire», comme on va le voir au désert après son baptême, mais avec le plus grand sérieux et la plus grande réalité.  Jésus approuve donc tout le plan de Jean pour faire pénitence et s’humilier avant de recevoir le divin puisqu’il s’y soumet lui-même.  Et nous qui sommes les vrais pécheurs nous devrions avoir le vrai courage de nous présenter au tribunal de la pénitence devant le monde et nous soumettre volontiers à la pénitence nécessaire pour effacer nos péchés.  Trop de chrétiens font du sacrement de pénitence une simple formalité extérieure.  A force d’entendre des prêtres vanter l’efficacité du sacrement «in se» ou «en soi», les fidèles pensent que le sacrement agit tout seul sans leurs propres dispositions intérieures.  Que de prédicateurs disent, par exemple, qu’on entre dans le confessionnal la conscience chargée de péchés, puis qu’on en sort la conscience blanche comme de la neige.  Cela est possible et c’est vrai à condition qu’on ait toutes les dispositions voulues pour que nos péchés soient effacés.  C’est sur ces dispositions concrètes et pratiques que les prédicateurs devraient insister.  Car à voir la façon de se confesser et surtout la vie d’une foule de pécheurs, il est bien certain qu’ils ne sont pas pardonnés du tout.  C’est le résultat de la prédication des philosophes où ils parlent des sacrements en eux-mêmes et non pas assez dans nos coeurs.  St-Jean Baptiste ne disait pas ce que la pénitence fait «in se».  Il disait à ses auditeurs qu’ils devaient faire pénitence, et cela sous peine de damnation.  «Dieu nettoiera son aire et il mettra le froment dans ses greniers éternels, mais la paille brûlera dans un feu qui ne s’éteint jamais».  Il ne leur a jamais donné comme un truc magique pour faire pardonner leurs péchés sans changer de vie, comme tant de nos prédicateurs font de nos jours.  Un Ave Maria, un acte de contrition, un signe de croix… et tous les péchés sont pardonnés; l’enfer est fermé pour eux, le ciel est ouvert.  Mais ni Jésus ni St.  Jean, ni les Apôtres ont prêché de ces manières faciles qui sauvent sans le mépris des créatures et l’amour de Dieu.  Ces choses sont possibles «en soi» ou dans l’abstrait.  Il est certain que Dieu est capable de faire ces miracles de sauver des pécheurs qui veulent continuer de pécher, mais qui peut assurer un tel, dans tel cas concret que Dieu va le faire pour lui?  Personne ne le peut et c’est insensé de le prêcher, comme une pratique sûre, ce n’est pas vrai.  C’est possible à Dieu, mais on n’en sait rien dans tel cas concret.  On doit prêcher selon la façon ordinaire d’agir des hommes et pas des cas exceptionnels et miraculeux.  Les pécheurs mettent tout leur coeur dans les plaisirs défendus, eh bien, il faut qu’ils mettent tout leur coeur dans l’expiation de ces péchés.  On ne peut pas assez exagérer le sérieux de la pénitence et de la justice de Dieu tant qu’on n’a pas fait une sérieuse pénitence.  «Si vous ne faites pénitence, vous mourrez dans vos péchés dit Jésus et il ne voulait pas dire comme les philosophes de nos jours: de simplement passer par le confessionnal pour dire ses péchés.

Ses effets ont été merveilleux pour Jésus.  Ce fut d’abord la manifestation de la Trinité, pour la première fois dans l’histoire du monde.  Après que Jean eut versé de l’eau sur la tête de Jésus et que celui-ci fut sorti du Jourdain, en priant ardemment, le ciel s’ouvrit et une colombe descendit sur la tête de Jésus et vint se reposer sur lui.  C’était le St.  Esprit tel que Dieu l’avait dit à Jean.

La Trinité se manifeste.  En même temps une voix se fit entendre du haut du ciel disant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis mes complaisances.» Voilà donc un témoignage de la Trinité en faveur de la divinité de Jésus.  Jamais aucun fondateur de religion n’a reçu un témoignage aussi clair et aussi retentissant du ciel que celui-là.  Nous ne devrions donc pas hésiter à jeter notre sort avec Jésus si clairement désigné comme Dieu par la Trinité.  Deux Personnes divines qui affirment que Jésus est bien le Fils de Dieu, cela devrait suffire à baser notre foi solide et vivace.

Saint Jean sait maintenant que sa mission achève puisque Celui qu’il annonçait est arrivé et qu’il va commencer bientôt sa prédication du Royaume de Dieu.  Aussi il conseille à ses disciples de s’en aller avec Jésus, que lui-même doit diminuer et Jésus augmenter, comme l’aurore disparaît devant le soleil qui se lève.  Remercions Dieu de nous avoir donné cette preuve visible de la Trinité où nous devons aller dans l’éternité.  Mais c’est quand Jésus s’humilie que le ciel se déverse en lui, non qu’il ait eu besoin de s’abaisser, mais il veut nous donner l’exemple de ce que nous devons faire pour recevoir la Trinité de plus en plus abondamment, même quand nous sommes en état de grâce.  Plus on s’humilie et plus on se mortifie et plus elle vient en nous.  N’oublions pas que la vie de Jésus doit être la nôtre.  Prêchons donc aux fidèles les conditions requises pour recevoir de plus en plus la Ste Trinité en nous.  Au lieu de tant parler des péchés, parlons donc de la vie positive de la Trinité que nous devons vivre plutôt que de la vie du péché que nous devons éviter.  Quand un homme se marie, est-ce qu’il pense plus à ne pas tuer sa femme qu’à lui faire plaisir?  Quand bien même que c’est vrai qu’il ne doit pas la tuer, son amour ne pense pas à cela du tout.  Il pense comment il pourra lui faire plaisir en toutes choses pour lui montrer son amour.  Eh bien, c’est aussi fou de tant parler d’éviter le péché mortel qui tue Dieu dans l’âme et si rarement parler de toutes les façons possibles de montrer notre amour à Dieu.  Cessons de penser à ne pas assassiner Dieu, pour penser comment lui plaire le plus possible Les hommes sont plus sages dans les choses humaines que dans les; choses divines.

Sa mission est confirmée.  Jésus va prêcher une doctrine si austère et si contraire à la nature humaine qu’il a besoin de nous prouver clairement qu’il vient de Dieu et qu’il est Dieu.  C’est pour cela que la Trinité vient mettre le sceau de son approbation sur toute sa vie.  Nous n’avons plus le droit de douter de sa mission: «Voici mon Fils en qui j’ai mis mes complaisances».  Ne craignons donc pas de le suivre et dans sa doctrine et dans sa vie, c’est Dieu qui nous le recommande.  C’est quand on veut le suivre dans sa vie mortifiée qu’on sent le besoin de croire fermement à sa mission divine.  C’est tellement dur qu’on se demande si on est bien dans le plan de Dieu d’aller ainsi contrairement à la nature.

Mépris du monde.  Aussitôt cette manifestation de la Trinité faite, le Saint Esprit pousse Jésus au désert.  Arrêtons un peu à cet effet du divin dans une âme.  Dieu veut nous montrer que la Trinité ne veut pas partager notre coeur avec les créatures qui sont les rivales de Dieu à notre affection.  Quand l’amour divin entre dans une âme, il faut que l’amour des créatures en sorte: c’est l’un ou l’autre, jamais les deux ensemble.  Jésus lui-même le dira dans le sermon sur la montagne: «Vous ne pouvez pas aimer Dieu et le monde; vous aimerez l’un et vous haïrez l’autre.» C’est bien clair et Jésus veut le montrer par sa conduite en s’en allant dans le désert après avoir reçu le Saint Esprit.  Ce n’était pas pour lui mais pour nous cette leçon.  Quel dommage que les prêtres ne prêchent pas tous cette opposition entre ces deux affections des créatures et de Dieu.  C’est que cette opposition ne se rencontre pas dans la philosophie de la théologie, la seule qu’ils aient apprise.  «En soi» les créatures ne sont pas les rivales de Dieu, et c’est toute la masse des prêtres imbus de cette conclusion de la philosophie.  Mais combien peu connaissent celle de la théologie vraie où les créatures sont considérées comme du fumier… tout l’opposé du désert des philosophes.  Jésus ne s’en va pas jouer au golf, ou fumer de bons cigares, ou aux joutes de toutes sortes comme tant de prêtres font… pour l’amour du Bon Dieu, disent-ils!  Ce n’est pas vrai en général, mais c’est uniquement pour contenter les tendance naturelles de leur païen encore extrêmement vigoureux en eux puisque là leur philosophie de la théologie n’attaque jamais le païen qui est bon «en soi».  Cette opposition entre ces deux affections fait le fond de la vie de Jésus… et la masse des prêtres ne l’a pas encore reconnu!  Que de prêtres essaient de combiner les deux.  Le démon leur met le nez uniquement sur les créatures «in se» pour les juger, mais ils en jouissent dans leur coeur quand même.  Ils ne voient pas leur sophisme.  Ils disent les créatures sont bonnes «en soi», donc elles sont bonnes en nous!  Ce n’est pas vrai!  En nous, ou dans l’ordre de l’amour, elles sont du fumier?  Du fumier et encore du fumier.  Jésus le dit et nous le montre par sa vie, et St.  Paul le dit et tous les saints.  Mais la philosophie l’emporte sur tous ces points de vue et sur ces témoignages… et les prêtres et les fidèles courent après les amusements comme de vrais païens… après dix-neuf siècles de christianisme!  Ils sont tous condamnés par Jésus dans sa vie et dans sa doctrine.  Si on me trouve sévère pour les philosophes de la théologie, qu’on voie un peu ce qu’ils font à Jésus par leur diabolique philosophie.  Ils le tuent aussi efficacement que les Juifs et les pharisiens.  Ils font même mieux: ils l’empêchent de naître dans les coeurs, ce qui les dispense de le tuer.  C’est du birth-control en spiritualité!  Et on va les laisser continuer ce crime épouvantable?  Il ne faudrait pas avoir de coeur pour Notre-Seigneur!  baptême chrétien Il est bien supérieur à celui de Jean-Baptiste parce qu’il donne:

La vie divine de la grâce sanctifiante avec l’habitation de la Sainte Trinité; nous devenons les enfants adoptifs de Dieu et les héritiers du ciel.  La Trinité ne vient pas en nous simplement comme un ornement, mais comme un principe nouveau de vie divine qu’elle veut nous voir vivre dans le concret.  Comme dans le ciel nous participerons à son activité, il nous faut commencer tout de suite à la vivre dans le concret.  Cette vie veut agir selon ses propres principes divins.  St.  Paul dit que nous sommes les enfants de Dieu quand nous nous laissons conduire par l’Esprit de Dieu.  Rom.  6-14.  Nous pouvons faire cela seulement dans nos facultés libres et spirituelles; c’est donc par la mentalité divinisée que nous pénétrons dans l’activité trinitaire.  Trop de fidèles croient que la grâce sanctifiante n’est que l’absence de péché mortel dans l’âme.  C’est en plus une vie divine.  Ce n’est pas non plus un billet pour le ciel, ni de la monnaie pour l’acheter; c’est la vie même de Dieu ou de la Trinité que nous devons reproduire en nous.  Les trois Personnes viennent en nous précisément pour continuer en nous leur vie trinitaire qui consiste en trois principales activités: Vivre, qui correspond au Père; Penser, qui est attribué au Verbe, et Aimer, qui appartient au Saint-Esprit; vie, sagesse et amour; voilà ce que nous devons passer notre vie à reproduire en nous divinement.  Il nous faut donc travailler constamment sur la mentalité.  Exige une Mentalité Chrétienne.  C’est bien triste d’être obligé d’insister tant sur ce point que n’importe quel nigaud devrait comprendre, mais, quand on voit la très grande majorité des prêtres absolument insouciants sur la nécessité de développer une attitude mentale ou une mentalité chrétienne, en plus de la grâce sanctifiante, on est bien forcé d’insister.  Que dirait-on de parents qui ne s’occuperaient pas d’éduquer et d’instruire leurs enfants, mais se contenteraient de les mettre au monde?  Eh bien, la majorité des prêtres agissent exactement comme ces barbares: ils donnent la grâce sanctifiante aux fidèles et ne s’occupent plus de les faire agir en tout comme des dieux.  Combien les laissent agir avec des motifs naturels et donc comme de vrais païens.  Combien peu leur enseignent comment se laisser conduire par le Saint-Esprit comme des enfants de Dieu devraient le faire en tout.  Combien peu insistent pour que les chrétiens agissent exactement comme dans le ciel.  Car la mort ne fait qu’immortaliser ce qu’elle trouve en nous.  Or, au ciel nous agirons comme des dieux; faisons-le donc tout de suite en autant que notre condition terrestre le comporte.  Au ciel nous serons tout aux choses de Dieu; soyons le donc tout de suite.  Adieu donc les sports, les plaisirs sensibles, les affections naturelles; les motifs naturels, la recherche de ses propres intérêts, etc.


La Mort au monde est la conséquence logique que nous sommes transformés en enfants de Dieu.  Puisque nous ne sommes plus de la terre, mourons à tout ce qu’il y a sur la terre, au moins quant à nos affections.  «Usons des choses de ce monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde passe vite.» Jésus dit qu’il n’est pas de ce monde et il veut que nous soyons une seule chose avec lui: Nous ne devons donc plus être de ce monde, donc n’avoir aucune affection pour lui, mais toutes nos affections à Dieu seul.  Or, quand on est mort au monde, on ne parle plus de lui ni de rien de lui.  Est-ce le cas pour plusieurs chrétiens?  Quand on ne vit plus que pour le ciel, on ne parle que du ciel et de ce qui y conduit, est-ce le cas de plusieurs chrétiens?  Comme tous sont à cent lieues de Jésus!  S.  Paul dit que nous ne devons chercher que les choses d’en haut où Jésus-Christ est assis à la droite de son Père.  Tous les chrétiens devraient trancher nettement sur tous les non catholiques et sur les païens; ils devraient vivre dans un tout autre monde.  Or, que voit-on?  Est-ce qu’un corrupteur s’informe si une telle est catholique sachant que c’est inutile d’essayer si elle l’est?  Quand on fait affaire avec un autre, est-ce qu’il vaut la peine de demander s’il est catholique pour pouvoir se fier à lui parfaitement?  Jamais on agit de la sorte, sachant bien que nos catholiques sont aussi corruptibles que les païens.  C’est donc que les prêtres ne font plus leur devoir; ils ne donnent plus la «vie de Jésus à vivre»; ils ne donnent plus la vraie foi qui donne la victoire sur le monde, dit Jésus.  C’est donc que les prêtres laissent aux fidèles ce que Jésus appelle le sable dans le sermon sur la Montagne; c’est le naturel intentionnel qui n’a jamais été ou trop rarement attaqué par les prêtres.  Ces attaques ne sont pas enseignées dans leur philosophie de la théologie.  Prêchons donc plus souvent sur les conséquences pratiques du fait que nous sommes les enfants de Dieu par le Baptême et que nous devons vivre, dans tous nos motifs, comme au ciel.

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